Techniques de tirages

Lith

Le tirage lith est un terrain d'expérimentation qui m'a été révélé lors de ma formation, mais c'est à travers mes propres explorations que ce procédé a pris toute sa dimension. Loin d'une simple technique, il s'agit pour moi d'un dialogue constant entre la chimie et l'instant, où chaque image naît de l'équilibre fragile entre contrôle et lâcher-prise.

Le processus commence sous l'agrandisseur, où la lumière esquisse les contours d'une image encore inachevée. Le révélateur lith, élément clé de ce processus, joue son rôle en offrant des effets inattendus, presque alchimiques. L'oxydation du révélateur, combinée à mes interventions délibérées, donne à chaque tirage une texture unique, imprévisible, que je ne pourrais jamais reproduire exactement.

Je ne me contente pas des méthodes traditionnelles : j'aime jouer avec les dosages, omettre les étapes conventionnelles, et introduire des gestes subtils mais déterminants. Par exemple, en laissant l'image effleurer la surface du révélateur, ou en soufflant délicatement sur certaines zones, je crée des brumes légères, des densités accentuées, qui confèrent à chaque tirage une signature inimitable.

L'élément de surprise est crucial. Je n'interromps la révélation que lorsque l'image, en quelque sorte, me parle. Ce moment de « reconnaissance » est aussi imprévisible que captivant, et c'est ce qui fait que chaque tirage est une œuvre à part entière, où le temps et la matière se rejoignent dans une harmonie subtile.

Ainsi, mes tirages lith ne sont jamais de simples images : ce sont des expressions uniques d'un processus intime entre l'artiste et son médium, invitant le spectateur à contempler l'œuvre et à se laisser porter par l'émotion qui en émane, plutôt que par les détails visibles.

Zokin gake

Le Zokin Gake, ou tirage au chiffon, est une technique ancienne et peu documentée que j'ai redécouverte à travers mes expérimentations. Elle est devenue une signature de mon travail, ajoutant une dimension subtile et inattendue à chaque œuvre.

Pour la série « Je suis désolée », j'ai cherché à adoucir l'impact visuel de mes tirages en y appliquant une légère touche de couleur. Le processus commence par l'application d'une fine couche d'huile sur la photographie. Ensuite, une couche de peinture à l'huile est déposée sur l'image, puis délicatement retirée, laissant derrière elle une teinte légère, presque éthérée.

Chaque tirage ainsi traité devient unique, imprégné d'une douceur mystérieuse. Le Zokin Gake n'est pas simplement une technique, mais un acte créatif qui laisse une empreinte subtile sur l'image, capturant l'émotion de manière imperceptible, mais profondément ressentie par le spectateur.

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